Séminaire : L'action de la
philosophie,
automne 2014 (PHI-7400)
LA MODIFICATION DES MŒURS
But du cours
Les mœurs et leurs
modifications intéressent-elles la philosophie, sinon
marginalement ? Certes, la morale, dans son sens premier, est une
discipline concernant les mœurs, et elle est également une discipline
philosophique. Mais l'impression commune n'est-elle pas que les mœurs
sont variées et variables, et donc contingentes, tandis que la
philosophie vise ce qui est vrai et partant éternel ? Celle-ci ne
doit-elle pas définir le bien dans sa vérité, les règles universelles
de la justice, les premiers principes de l'action rationnelle, les
obligations fondamentales et le système des impératifs moraux qui en
découlent, les exigences incontestables de la conscience ? Et ne
faut-il pas abandonner les mœurs à la politique, aux religions, à la
bonne volonté de chacun, et éventuellement à la science — histoire,
psychologie, sociologie ou anthropologie ? Quant au philosophe,
n'agirait-il pas sagement en imitant les sceptiques, qui laissaient aux
mœurs de leur société le soin de régler les leurs, comme aux couturiers
de décider de la forme de leurs vêtements ? Cependant, le sage
peut-il se désintéresser de la manière concrète dont il se conduit,
c'est-à-dire de ses mœurs propres ? Doit-il renoncer à l'ambition
d'améliorer le comportement effectif des autres ? Les mœurs se
modifient dans l'histoire individuelle et sociale, cela ne fait aucun
doute. Cela importe-t-il au philosophe ? Doit-il songer à entrer
sur ce terrain pour introduire ses propres modifications ? Et si
c'est le cas, comment lui faut-il comprendre la philosophie et son
action ? Voilà notre thème.
Comme ce séminaire s'inscrit dans une
série de
recherches sur la philosophie et la pratique, on pourra se faire
aussi une idée du genre de problèmes qui seront abordés en lisant
l'introduction aux séminaires précédents, notamment ceux de la
série concernant l'action
de la philosophie.
Introduction
Objectifs
Connaissances :
Ce séminaire vise le développement de la connaissance en un autre sens
que l'accumulation de savoirs thématiques. Dans ce dernier domaine,
c'est essentiellement la matière des textes retenus qui jouera
éventuellement le rôle accessoire qui leur est réservé. Mais ce dont il
s'agit principalement, c'est la connaissance au sens philosophique,
c'est-à-dire en tant
qu'elle comporte
une réflexion sur elle-même orientée par un souci essentiel de ses
propres modalités. C'est pourquoi l'insistance
sera mise sur le développement des habiletés intellectuelles
correspondant à cette orientation.
Habiletés
intellectuelles : Capacité de saisir et de
développer des problèmes philosophiques, d'analyser des concepts, de
confronter des idées diverses sur un sujet, de participer
intelligemment à la discussion, d'entrer dans la problématique, de
saisir la pertinence des questions particulières et des réponses
possibles par rapport à elle, et de contribuer à l’invention
philosophique aussi bien individuellement que dans le cadre d'une
collaboration à l'intérieur d'un groupe de recherche philosophique.
On
pourra s'informer sur la méthode générale sur laquelle repose ce
séminaire dans l'ouvrage suivant:
Gilbert
Boss, Introduction aux techniques de la philosophie – Analyse
de l'idée de justice,
Zurich, Grand Midi, 1989.
On trouvera également sur internet une
réflexion sur la collaboration philosophique:
Gilbert Boss, De la collaboration en
philosophie
Contenu
Une fois
exposé le problème dont on trouve ci-dessus la présentation succincte
dans la section « but du cours », la matière précise
du séminaire dépendra entre autres des textes retenus lors de la
première séance, mais davantage encore du mouvement de notre recherche.
Car ce séminaire ne visant pas à la transmission de savoirs, mais à
l'exploration en commun d'un problème, qui fera l'objet d'un
développement par le professeur au début du semestre, le contenu précis
sera déterminé au fur et à mesure, en collaboration, chaque participant
contribuant à orienter la recherche par le développement de problèmes
liés à la problématique générale et par la manière dont il fera
intervenir dans le mouvement de la recherche ses propres réflexions,
alimentées par les lectures prévues.
Formule pédagogique
Séminaire
de recherche, fondé sur l'intervention active des participants dans la
discussion et sa préparation. Atelier philosophique, consacré à
l’exercice concret de la philosophie sous diverses formes et impliquant
donc l’activité des participants. Le séminaire jouira de la
collaboration de l’Atelier des Arts Philosophiques.
Après
la présentation du thème et le développement du problème par le
professeur, les séances seront consacrées à la recherche en commun et
se dérouleront selon l'ordre suivant. Lors d'un tour de table, chaque
étudiant exposera l'état de sa réflexion. Ensuite, l'un d'entre eux
développera le problème sur lequel il aura choisi de lancer la
discussion ; à laquelle sera enfin consacré le reste de la
séance.
Lectures obligatoires
L'établissement
de la liste définitive aura lieu à la première rencontre. Pour ce
choix, la liste des suggestions, ci-dessous, servira de point de
départ, à quoi s'ajouteront d'éventuelles autres lectures proposées par
les participants ou le professeur. Lorsque le séminaire n'implique pas
la discussion de certains textes précis, il n'est pas nécessaire que
les lectures soient les mêmes pour tous, mais elles peuvent être
choisies individuellement et réparties ainsi entre les participants.
Suggestions de lectures
- Montaigne, Essais
- La Rochefoucauld, Réflexions
ou maximes et sentences morales
- Montesquieu, Les
lettres persanes
- Hume, Enquête sur
les principes de la morale
- Gilbert Boss, Jeux
de concepts, Installation
- Gilbert Boss,
Qu'est-ce que la philosophie?
sur Internet
- Gilbert Boss, Philosophie
et pratique,
sur Internet
Mode et critères d'évaluation
Les
travaux notés sont les suivants : présentations au tour de
table (10-30%), exposé d'un problème pour le lancement de la discussion
(10-30%) et participation à la discussion (10-30%), total des
évaluations durant le semestre (50%), ainsi qu'un examen oral à la fin
du semestre (50%). Pour l'oral, chaque participant se concentrera sur
l'un des livres étudiés ou sur l’un des aspects de la recherche, et il
fera le point de la recherche commune, telle qu'elle se présente pour
lui.
L'objet
de l'évaluation sera l'aptitude démontrée dans les différentes
activités à atteindre les objectifs du séminaire (voir la section
« objectifs »), ainsi que l'habileté manifestée dans
l'expression orale de réflexions philosophiques.
Pour
satisfaire aux exigences de l'administration en cas de demande de
révision de note, les examens oraux seront enregistrés, puis les
enregistrements seront effacés une fois le délai de ces demandes
dépassé.
Examens oraux
Le mardi 9 décembre 2014
Horaire
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